
Pourquoi la prise de notes ?
Prendre des notes, c’est rendre matériel ce qui est virtuel. Notre cerveau traduit ce que nous voyons, entendons, comprenons, lisons,… et stocke ces informations dans une base de données. Ces données peuvent ensuite être réutilisées pour générer des pensées, des idées, des réflexions. Le problème est que la mémoire sélectionne, et supprime beaucoup. D’où l’intérêt de compiler nos découvertes, de même que nos productions mentales, sur un objet externe que nous pourrons conserver. La prise de notes soulage la mémoire.
La prise de notes est un outil essentiel de l’apprentissage. Elle permet d’organiser son esprit, d’y voir plus claire. Mais aussi d’aller plus loin dans ses capacités intellectuelles. De lier des concepts, de recouper des informations et de générer de nouvelles pensées originales. Elle sélectionne les informations utiles, et permet d’en donner du sens.
Les notes permettent de développer des aptitudes essentielles aujourd’hui. Par exemple, elles travaillent l’esprit de synthèse, luttent contre la dispersion de l’esprit. En y voyant plus clair, notre esprit est plus détendu. Elles sont un entrainement de l’attention car elles présupposent une posture active. Au final, elles permettent de gagner du temps et de l’efficacité et diminuent le stress.
La prendre des notes est enfin une façon de rendre compte du monde et de nos vies. Elles en captent les fragments de l’existence qui finiront par disparaitre si on n’en garde pas la trace. On peut ensuite les rassembler pour qu’en émergent des idées, des concepts, des productions artistiques, scientifiques etc. La prise de notes récupère la matière brute. Tel un artisan, nous pouvons la transformer en objet virtuel. Notre cerveau est notre outil de travail.



Comment bien prendre des notes ?
La prise de notes ne s’improvise pas. Elle est un savoir-faire qui s’apprend, se pratique. Nous n’avons aucun cursus qui nous apprenne véritablement une méthode de prise de notes efficace. Souvent, nous avons des notes brouillonnes, illisibles. Ecrites de façon non pertinente, les notes deviennent une perte de temps.
Plusieurs aptitudes sont nécessaires :
- Qualité de recueil de l’information
- Qualité de compilation de l’information recueillie
Evidemment, la prise de notes dépend de l’objectif poursuivi. Est-ce des notes de cours pour un examen ? Pour un rapport de réunion ? des notes de documentation pour un mémoire ou une thèse ? ou simplement des notes personnelles ?
Il est important de savoir dès le début à quoi devront servir vos notes et de s’en rappeler régulièrement pour ne pas se perdre. Si vos notes concernent un cours, elles doivent permettre de comprendre l’essentiel de la matière, et donc ne pas s’attarder sur le secondaire. Si elles sont là pour produire un mémoire, mieux vaut rester focus sur votre sujet pour ne pas couler sous un déluge d’informations hors sujet. La prise de notes ne sera pas la même selon le but poursuivi.
Se préparer à la prise de notes
La définition de votre objectif est une étape cruciale à réaliser avant la prise de notes. La prendre des notes ne consiste pas à restituer mot pour mot ce qui est dit ou écrit. Il est d’ailleurs vain d’essayer de retranscrire une parole orale, cette dernière permettant d’exprimer 5 fois plus de mots à la minute qu’à l’écrit. Il faut donc comprendre le sens de ce qui est dit, et d’en noter les points essentiels. D’où l’intérêt d’identifier le but poursuivi. Si vous recherchez de la documentation sur un sujet précis, il est préférable de se concentrer sur les informations qui concernent ce sujet.
Lorsque l’on prend des notes sur un exposé oral, plusieurs opérations mentales sont à réaliser simultanément
- L’écoute, qui est l’orientation de son attention vers la source de l’information
- La compréhension
- La sélection de ce qui est essentiel à retenir
- La transcription
Tout ça se fait alors que l’orateur continue de parler. Il faut suivre le train en marche. Pour ce faire, il convient de passer d’une prise de note de « transcription pure » à une prise de note active, qui cherche à identifier les lignes de force d’un discours, à élaguer le superficiel et à en puiser l’essentiel. C’est une démarche qui requiert une attention active.
Pour bien préparer une prise de notes, un certain nombre de choses peut être fait en amont. Si cela est possible, renseignez-vous déjà sur le sujet, le thème ou la question qui sera traitée. Cela permet à votre esprit de se préparer, de mieux comprendre ce qui sera dit. Ecrire sans comprendre est très laborieux.
Astuce : technique des 30 secondes. Elle permet de se mettre en condition en se représentant la tâche à réaliser et en vous imaginant en train de la faire. Ce petit échauffement permet d’activer son cerveau et d’éviter la mise en action difficile.
Rappelez-vous ce pour quoi vous devez noter en vous posant ces trois questions :
- Qu’est-ce que je souhaite retenir ?
- Qu’est-ce que je compte faire de mes notes ?
- Qu’attend-on de moi ?
Comprendre le message
Il important de veiller à ce que vos notes aient réussi à capter le message essentiel. Pour ce faire, vous pouvez avoir recours à la méthode journalistique des 5W : What (quoi ?), Who (qui ?), When (quand ?), Where (où ?), Why (pourquoi ?) auxquels ajouter How (comment ?). Ces questions permettent de contextualiser et de bien structurer ses notes, pour en dégager le message essentiel.
Concentrez-vous sur des éléments repères, comme les mots-clefs, les parties et sous-parties. Identifiez les différentes étapes d’un raisonnement, et utilisez à bon escient l’introduction et la conclusion qui, en principe, ont pour but d’aller à l’essentiel.
Pour la lecture, il suffit de se référer à la table des matières pour déjà prendre connaissance de la structure du livre. Quid de l’intro et de la conclusion ? Comment s’enchainent les chapitres ? Quelle est la trame du récit ? Quelles sont les sous-parties ? Comprenez le sens général et le message que compte transmettre l’auteur. Identifiez les points principaux et les points secondaires.
Sélectionner l’essentiel
Si vous lisez pour un projet précis, attardez-vous sur ce qui le concerne. Rappelez-vous constamment de votre question initiale pour ne pas vous perdre. Même si une idée est centrale dans le texte, posez-vous la question de savoir si ça l’est dans le cadre de votre projet.
Si vous prenez des notes d’un exposé oral (cours, conférence,…), il est d’autant plus important de rester sur l’essentiel pour ne pas perdre le fil. Il faut comprendre le sens général de l’exposé. Quel est le message ? Quels sont les points forts ? Pour mettre au jour l’organisation des idées, il faut saisir la structure de l’exposé, pour ensuite pouvoir en remplir le contenu. Intéressez-vous aux débuts des phrases qui sont souvent des indices menant aux points importants.
« deux raisons permettent d’expliquer » – il y aura deux sous-points
« le phénomène se produit en plusieurs étapes » – plusieurs sous-points
Repérez également les connecteurs logiques (mais, car, toutefois, par conséquent,…) qui sont des indications sur le déroulé du raisonnement.
Enfin, il est indispensable de mettre en place un système d’abréviations pour accélérer son écriture. Il en existe bien des connues, mais n’hésitez pas à fabriquer votre propre langue ! Si vous écrivez à la main, essayez aussi de rendre votre tracé plus bref, plus incisif. Limitez-vous aux mots permettant de comprendre le sens de vos phrases. Séparez-vous des fioritures de la langues comme les accents, les ponctuations (quitte à remettre tout cela au propre par la suite).
Bien sûr, la rapidité et la qualité de la prise de notes s’améliorent avec l’entrainement. Prendre l’habitude de noter sur ce qu’on regarde ou ce qu’on lit est un bon exercice, et peut rapidement devenir un plaisir.
Bien structurer ses notes
Pour que vos notes soient accessibles et compréhensibles, il faut suivre quelques règles. D’abord, il est crucial de bien hiérarchiser ses informations. Pour ce faire, utilisez des chiffres, des décalages, des sauts à la ligne, des couleurs, … tout ce qui permet d’avoir une vision claire de l’ordre d’importance des données recueillies.
Il est essentiel de mettre en propre les notes que l’on a prises. De préférence le jour même, où la saisie d’informations est encore chaude dans la tête. Il sera toujours temps d’ajouter ce que l’on a retenu pour étoffer son contenu ou au contraire de faire une sélection. N’hésitez pas à élaguer. Garder trop d’infos parasites finit par polluer la note. Il est essentiel de supprimer pour y voir plus clair.
A partir de cela, structurez vos notes pour pouvoir vous y retrouver facilement. Ce travail peut paraitre fastidieux, mais cela fait gagner beaucoup de temps sur le long terme. Il permet de relire la matière, de la fixer, et de plus facilement la mémoriser.
Mettre en forme et classer
Composez une fiche de lecture ou d’exposé. Cela ne doit pas être un copié de la source originale mais une reformulation avec vos mots. C’est cela qui va vous permettre d’assimiler une matière. Dans vos notes, vous pouvez ajouter, dans une marge ou dans un espace réservé, des notes annexes comme la situation qui vous a mené à lire un texte ou écouter un exposé, vos questions de départ, un résumé, des commentaires personnels,… Par exemple, utilisez le recto d’une feuille pour constituer votre synthèse et passer directement au recto de la feuille suivante. Utilisez le verso de la feuille précédente comme espace de commentaire/questions concernant le recto de la feuille à sa droite.
Si vous prenez des notes papiers, il est important de bien les classer ensuite. Pour cela, utilisez un système de date (mars 2023, avril 2023,…) ou plutôt de thématique (histoire, cinéma,…) selon ce qui vous convient le mieux. L’important est de pouvoir rapidement retrouver une note.
Il est enfin possible d’avoir recours à d’autres structures de notes plus originales. Par exemple, la Mind Map permet de créer une carte mentale, enjolivée de dessins, qui se veut refléter la pensée, aider à la mémorisation et stimuler la créativité. Elles sont pratiques et amusantes, mais peuvent se révéler plus périlleuses pour des sujets trop vastes.



Le Conceptogramme est une bonne façon d’aborder des sujets complexes. Il consiste à organiser un domaine de connaissance de manière spatiale et structurée. Il permet de synthétiser et d’y voir plus clair.
Prise de notes numériques ou papier ?
Les outils numériques apportent de nombreux avantages à la prise de notes. Tout d’abord, la possibilité de traitement de texte, qui permet de corriger sans raturer, de réorganiser et de mettre au propre sans tout renoter. Cela constitue un gain de temps autant que de facilité.
A cela s’ajoute la possibilité de compléter et d’enrichir ses notes indéfiniment. On peut même ajouter illustration, graphiques, schémas, et tout ce qui permet de mieux retenir des informations.
Cependant, certains préféreront le bon vieux papier, qui peut être intéressant pour plusieurs raisons :
- En prenant des notes à la main, on se met davantage en disposition de bien sélectionner les informations pertinentes. Ecrire au clavier est plus rapide, ce qui conduit plus facilement au « mot-pour-mot ».
- La fabrication manuelle du texte permettrait de mieux retenir ce qu’on écrit, car cela faciliterait l’ancrage dans la mémoire.
Des outils intéressants
A côté du traitement du texte, il existe de nombreux logiciels permettant de stocker les notes et de faire des liens entre elles, d’ajouter des commentaires, de lier des notes à un projet, à un agenda, etc.
Voici quelques exemples que j’ai pu expérimenter :
Pour le traitement de texte :
- Microsoft Word : le logiciel de traitement de texte classique, assez facile d’accès et complet
- Des logiciels gratuits : Open Office Writer, LibreOffice Writer,…
Pour le traitement des données
- Evernote : permet de rassembler des notes, des images, des listes de tâches, etc. de manière très intuitive.
- Microsoft OneNote : concurrent d’Evernote
- Obsidian : plus difficile d’accès mais extrêmement puissant. Dispose d’une vue graphique en arborescence permettant de faire des liens entre toutes les notes.
- Notion : Logiciel très complet permettant de lier vos bases de données, vos références, vos projets et votre planning tout en un.
Ma méthode !
Pour la prise de notes d’un oral, j’ai tendance à préférer la manuscrite. Elle me pousse à me mettre dans une disposition d’esprit de synthèse, là où sur clavier, j’aurai tendance à reproduire verbatim ce qui est dit et de manière distraite.
Pour une lecture, je surligne les lignes de force que j’identifie dans l’argumentaire. Une fois un chapitre terminé, je relis les parties surlignées que je constitue en note. Cette note, je l’écris tout de suite dans le logiciel Obsidian. A la fin de la lecture de mon livre, j’aurai donc une synthèse ou chaque chapitre est constitué en une note. J’extrais ensuite toutes ces notes pour en faire des points de connaissance qui seront intégrés dans la vue graphique (se référer à un tuto Obsidian pour mieux comprendre le fonctionnement).



Pour des notes prises à la volée, pour des idées ou des réflexions passagères, et pour des listes de tâches, je préfère Evernote. Toutes les notes qui y sont contenues sont temporaires. Soit elles seront supprimées (par exemple si elles me servent à réaliser un projet et que celui-ci est arriver à terme, ou alors si celles-ci se révèlent inutiles), soit conservées et transposées dans la base de données (le jardin de connaissance) d’Obsidian. Evernote me sert donc de dépôt central, de filtre de l’information, d’un genre SAS déterminant si une connaissance a une utilité temporaire ou permanente. Pour la production de texte, de travaux, etc. sur base de ces notes, j’utilise toujours la formule classique : Microsoft Word.