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Defi #2 : Résumé Cet autre qui m’obsède de Jean-Michel Oughourlian

Deuxième volet de mon défi 50 livres en 50 semaines pour se booster le cerveau, je propose ici un résumé de Cet autre qui m’obsède de Jean-Michel Oughourlian. Vous y apprendrez quels sont les ressorts du désir mimétique et comment il nous façonne dès notre naissance. Vous découvrirez aussi comment contrôler ce désir et éviter les rivalités qui nous font souffrir.

NB: Sauf si cela est clairement indiqué, tout ce qui se trouve ici relève de la pensée de l’auteur et non de la mienne. Parfois j’ajoute un petit Nota Bene pour proposer un commentaire ou une interprétation du texte. Bonne lecture !

1. Une nouvelle psychologie

En 1961 René Girard publie un ouvrage, Mensonge romantique et Vérité romanesque où il développe le concept fondamental de ce livre : le désir mimétique. Ce concept propose une vision révolutionnaire de ce qui fonde la société et ce qui génère les conflits, à savoir, le désir d’imiter les autres. Jean-Michel Oughourlian développe alors avec lui l’idée d’un Mimesis universelle, qui expliquerait bien des phénomènes sociaux et psychologiques.

Cette nouvelle vision se trouve renforcée par une découverte majeure sur le cerveau : les neurones miroirs. Ces neurones sont très actifs dès notre naissance et servent à reproduire ce que les autres individus produisent. C’est comme cela que, par exemple, un bébé apprend à parler: en imitant les sons qu’il entend de la bouche de ses parents.

En réalité, toutes nos relations se basent sur l’imitation. L’auteur utilise le terme d’interindividualité. Personne n’est jamais coupé des autres. On existe uniquement en rapport aux autres. Ce qu’on appelle le « moi » est en fait grandement constitué de ce que les autres intègrent en moi par le processus de l’imitation. Nous sommes un « moi-entre-deux », qui évolue en fonction des personnes avec qui l’on est. N’avez-vous jamais eu l’impression d’être différents dans certains groupes par rapport à d’autres ? Par l’intermède des neurones miroirs, nous sommes aussi ce que sont les autres. Voilà qui peut entacher notre égo…

2. Le désir mimétique, notre atout

Le désir est un mouvement. Il est ce qui nous fait exister. C’est par le désir que nos corps s’activent. De la même manière, le désir mimétique est un mouvement spontané qui s’établit entre deux êtres humains. Il intervient dès la naissance, et continue de nous suivre toute la vie. En réalité, désir et mimétisme sont proches car on désire toujours ce que quelqu’un d’autre désire. C’est une caractéristique inhérente à l’être humain. Ce qui lui permet d’exister, autant que le permet le fait de boire ou de manger.

Le Mimesis, le désir mimétique, s’expriment selon trois démarches d’imitations

  • Imiter le paraître : le plus primitif, il est l’apprentissage des sons, des gestes, du langage.
  • Imiter l’avoir : Je veux ce que l’autre possède. Un objet aura automatiquement plus de valeur si possédé par quelqu’un d’autre. Cela peut être la source de nombreuses rivalités
  • Imiter l’être : Notre modèle est en soi l’objet à imiter. Notre personnalité se constitue grandement autour de cette identification à divers modèles. Mais si l’identification échoue, cela peut provoquer de la rivalité.
  • Imiter le désir : On perçoit les mouvements de désirs chez l’autre. Cela peut provoquer le même mouvement chez nous, un désir dans la même direction.

L’auteur n’y va pas par quatre chemins, le désir mimétique est une loi de l’espèce humaine. Nous croyons pourtant que nos désirs ne viennent que de nous, que nous n’imitons personne. Mais il n’a en réalité rien d’original, car il est pris chez les autres.

3. Les neurones miroirs, une nouvelle neurologie

Les neurologues ont identifié que ces neurones miroirs correspondent à une zone spécifique du cerveau. L’évolution des recherches sur notre appareil cérébrale ont permis d’importantes découvertes au cours du dernier siècle. Ainsi l’exploration du système limbique a permis de mettre à jour ce qu’on appelle communément le cerveau émotionnel. Ce deuxième cerveau s’ajouterait au premier qui est celui de la rationalité. En réalité, les deux ne sont pas séparés et sont en constante interaction.

Lors d’expériences menées sur un singe, des scientifiques ont été effarés de constater que certaines régions de son cerveau, normalement réservé à une action bien définie, s’activaient face à cette même action réalisée par quelqu’un d’autre. C’est la découverte des neurones miroirs. On s’est aussi rendu compte que l’intention du geste était plus importante que le geste lui-même. Sans but spécifique le justifiant, il n’y a pas d’activation des neurones miroirs.

Cette découverte est si importante qu’on en est venu à parler de troisième cerveau. Bien qu’il soit en effet le « troisième » à avoir été découvert, il serait toutefois plus judicieux de le considérer comme premier. C’est en effet le troisième cerveau qui s’active avant les autres. Il initie l’action, la mise en relation avec les autres. C’est par la suite que l’on puise dans « nos deux autres cerveaux ».

4. Modèle ou rival, deux faces d’une même médaille

Nous sommes constamment dans un rapport de comparaison, d’imitation avec les autres. Mais il y a plusieurs façons de percevoir l’autre. Trois en réalité : le modèle, le rival et l’obstacle.

  • La figure du modèle est celle qu’on va essayer d’imiter. Elle permet l’apprentissage le plus efficace. L’échange et la réciprocité permettent de mieux retenir les choses. Dans ce cas de figure, nos trois cerveaux s’harmonisent. On ressent des émotions positives. Toute notre vie nous sommes confrontés à des modèles.
  • Le rival survient quand l’harmonie se brise. Le modèle peut devenir un rival lorsqu’on a le même objet de désir et qu’on considère que ce désir nous appartient. S’enclenche alors une escalade de rivalités mimétiques, que l’on va enrober d’émotions négatives (action 2ème cerveau) et qu’on va justifier intellectuellement et moralement (action du 1er cerveau).
  • L’obstacle est, quant à lui, le rival insurmontable. Celui avec qui on ne sait se mettre en compétition car il n’y a pas de possibilité d’être gagnant. Face à ce type de figure, trois réactions sont possibles : essayer tout de même de rivaliser (ce qui peut fortement éroder votre personnalité), tenter d’imiter désespérément (et risquer de rentrer dans une névrose obsessionnelle), ou alors trouver une nouvelle voie, contourner. C’est ce que nous verrons dans le prochain chapitre.

N’oublions pas que rien n’est figé dans le temps et le mouvement mimétique peut glisser d’une figure à l’autre selon les circonstances. Elles dépendent beaucoup de la réciprocité. Je serai certainement plus agressif si quelqu’un est agressif avec moi, et vice-versa. Souvent, notre curseur reste bloqué quelque temps. Si j’ai eu une situation de rivalité le matin, il est possible que je voie des rivaux dans tous les autres que je croiserai dans ma journée. Ce temps de latence dépend de notre histoire personnelle et de facteurs psychologiques.

5. L’art de désamorcer les conflits

Vous l’avez probablement compris, le rival et l’obstacle sont les figures qui provoque de la souffrance. Alors que le modèle est celle qui nous fait évoluer et grandir. Comment éviter ces situations de rivalité ? En déplaçant le curseur de notre cerveau mimétique. Cela commence par voir la réalité en face, en identifier explicitement ce qui est à l’œuvre dans la relation que je vis. Vois-je cette personne comme un rival, un obstacle ? Y a-t-il une raison à cela ? Ne suis-je pas « trompé » par mon troisième cerveau ?

Souvent la rivalité émerge pour peu de raison. Il n’y a pas besoin qu’une personne nous agresse pour que nous la jalousions, qu’elle nous énerve. De mauvaises bases peuvent par la suite enclencher une escalade relationnelle négative, ce qui va fortement entériner la rivalité. Pour la désamorcer, il faut accepter que le rival et le modèle sont les deux faces d’une même pièce. Il n’y a qu’un pas entre l’une et l’autre. Ce pas peut être franchi grâce au travail du 1er et du 2ème cerveau.

On l’a vu, le troisième cerveau, le mimétique, est celui qui a la primauté sur les autres (dans le sens qu’il initie l’action). Ce n’est qu’après qu’interviennent les émotions et les justifications intellectuelles, comme pour enrober nos actions et décisions. Ainsi, si on laisse notre troisième cerveau se déployer sans contrôle, on s’expose au risque de nouer bon nombre de relations douloureuses.

Pour retrouver l’harmonie, il faut accorder plus de place aux deux autres cerveaux, créer une alliance entre eux pour infléchir le troisième. Comprendre ce qui se joue en nous, que notre désir n’est pas davantage le nôtre que celui des autres, et que le cerveau mimétique, utilisé à bon escient, peut mener à la fraternité, l’amitié ou l’amour. Beaucoup de rivaux n’ont en réalité pas d’hostilité à notre égard. Pourquoi ne pas en faire des modèles ?

Que faire face à l’obstacle ?

Cette figure est comme une porte impénétrable. Si elle est fermée, autant passer par la fenêtre, trouver une autre voie, de nouvelles perspectives. Réorientons nos désirs plutôt que de persévérer dans la frustration. Quitte à y revenir par la suite.

NB : Pour moi, il ne s’agit pas ici de renoncer, mais de trouver les bonnes voies pour s’enrichir. Trouver les modèles les plus accessibles, et petit à petit se rapprocher de ceux qui sont les plus éloignées.

NB2 : Certains pourraient voir dans le dépassement de la rivalité un abandon de l’esprit de compétition qui se révèle être un moteur de beaucoup d’individus. Pour moi, il n’en est rien. Quand on parle de rivalité ici, il s’agit de la relation mimétique conflictuelle, dans laquelle on revendique la primauté de son désir et qu’on souhaite en priver l’autre. Rien n’empêche selon moi de garder cet esprit de compétition avec la figure du modèle, dès lors qu’elle est saine et empreinte d’émotions positives (fraternité, amitié, etc).

6. Quand le mimétisme nous rend malade

La relation peut contaminer le vécu des personnes. Le désir mimétique est parfois source de malheur. Dans bon nombre de cas, ce ne sont pas les individus qui sont malades mais leurs relations. Comme nous l’avons déjà dit, voir la réalité de ces relations telle qu’elle est est une première étape de libération.

Les sociétés contemporaines ne nous aident pas en ce sens. Le désir mimétique y est fortement stimulé, l’impératif de l’image profondément ancré. L’industrie de la publicité a rapidement compris le fonctionnement du cerveau mimétique, et en a fait un de ses fondements. Les égéries de grandes marques en sont le témoignage explicite.

6. Neurobiologie de l’empathie

« l’amour appelle l’amour »

Souvent, on imite l’amour de la personne qui nous aime. C’est une des fonctions des neurones miroirs, de ressentir les émotions que l’autre ressent, d’être en empathie.

On est en connexion avec les autres, comme en wifi, et on partage des émotions. On s’imbibe et on apprend des autres. L’empathie s’exprime toutefois de façon différente chez les individus et dépend du « patchwork » de modèles que l’on a intégré au cours de notre vie. Bien que les modèles soient différents, le schéma reste le même pour chacun.

7. Panurge à l’ère de la facilité

Sommes-nous des moutons de Panurge ? Oui. Mais les degrés peuvent varier. La foule a un effet considérable sur nous. Elle accroit de façon vertigineuse notre désir mimétique. L’attraction du groupe est si forte qu’elle met en veille nos deux autres cerveaux. Notre désir individuel se fond dans le désir du grand nombre.

Au-delà des foules, la société dans laquelle on vit exerce aussi, en mouvement de fonds, son emprise. Particulièrement à l’ère de la facilité, où la tentation du mimétisme est d’autant plus grande. Notre volonté individuelle y est souvent anéantie pour se laisser entrainer par les effets de foule. L’auteur appelle cela le somnambulisme pluriel. Il y a un moi collectif qui se substitue au vrai moi. L’humain a besoin de direction. Il est normal qu’il préfère suivre un chemin tracé plutôt que de le produire lui-même.

8. Guérir du Djihadisme ?

Dans ce chapitre l’auteur digresse étonnement sur la question du Djihadisme. Le livre étant sorti en 2017, le sujet y était plus profondément ancré dans l’actualité. A mon sens, il tombe un peu comme un cheveu sur la soupe.

Il y explique que le terroriste est esclave d’une passion mimétique. Il ne possède qu’un modèle et beaucoup de rivaux et il construit une idéologie pour justifier politiquement ses actions.

9. De la machine au robot ?

Aujourd’hui, de plus en plus de tâches sont déléguées à des machines. Cela pose un problème. Celui de l’apprentissage. On l’a vu, le désir mimétique en est un des fondements, et est actif dès notre naissance. Or, avec un robot ou une machine, il n’y a pas d’activité des neurones miroirs. Il n’y a pas de processus d’identification. Seul le 1er cerveau va s’activer pour reproduire ce que fait la machine, délaissant les deux autres. On l’a vu plus, ils sont pourtant essentiels dans le processus d’apprentissage. 

10. L’animal mineur, c’est moi

Comment reconnaitre que nous sommes soumis à du désir mimétique ? En commençant par regarder ses rivaux. Quels sont leurs désirs ? Quels sont leurs buts ? Souvent, ils sont les mêmes que les nôtres.

Le sentiment de priorité du désir que nous avons est une illusion. Le reconnaitre est une première étape cruciale. Tout désir est une imitation. Le travail à faire sur soi consiste dès lors à maitriser ses désirs qui passent. Les transformer en volonté.

Cela demande de l’entrainement, mais il est possible de transposer son désir sur d’autres objets, par exemple ceux que l’on possède déjà. Le contrôle de son désir est un travail par essais-erreurs, mais l’auteur donne deux manières de le mettre en place :

  • Allonger le temps entre le désir et sa réalisation
  • Ne pas se laisser constamment perturber par d’autres désirs (ne pas tout rejeter non plus, mais bien calibrer)

Voilà qui peut permettre de transformer son désir en volonté. Résister à la facilité est une façon de s’extraire de la masse et de trouver notre liberté. En somme, être résistant.

11. Transformer mimétisme en sagesse

Trouver la sagesse en harmonisant ses trois cerveaux. Devenir sage, c’est trouver la liberté par rapport à tous et tout. Il ne s’agit pas de se libérer de son désir, car celui-ci est un mouvement vital, intrinsèque à la vie, mais de se libérer des rivalités. Celles qui font souffrir.

Reconnaissons pacifiquement notre mimésis. Evitons les rochers qui bloquent le chemin et prenons les modèles comme des moteurs. N’oublions pas que je n’ai ni priorité, ni primauté sur mon désir et qu’il est égalitairement présent chez l’autre.

12. Libres !

Rechercher cette sagesse revient à chercher la liberté. On parle évidemment ici de liberté intérieure. Celle qui nous permet de choisir d’être heureux, de ne pas être prisonnier des sentiments négatifs. La jalousie, la haine, l’angoisse, sont autant de chaines qu’il s’agit de briser. Un travail de longue haleine. Un travail d’une vie.

Notre désir mimétique, quand il n’est contenu par aucun frein, ne fera que créer de nouvelles rivalités. Pour le contrôler, il est possible de profiter d’un espace de liberté qui nous est disponible, celui du choix des modèles. Le rival puise mon énergie, le modèle la canalise et l’oriente. Trouvons celles et ceux qui nous font avancer.

Un long travail sur nos relations et sur nous-même, mais dont chaque nouvelle journée peut offrir son lot de petites victoires.

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